Donc après visionnage, je peux constater que je suis sur une piste, debout sur la moto, je venais d'allumer la GoPro, à peine la vidéo démarre qu'on me voit faire un roulé boulé, j'en déduis donc que tenant le guidon à une main, la roue avant est partie d'un coup et bardaf.
A partir de ce moment la, et même un peu avant, c'est le black out total pour moi, j'ai de vagues flash, la ou je recommence à enregistrer c'est quand je suis monté dans le véhicule d'assistance pour rejoindre le pic nic de midi à 15h.
Après le repas, je remonte dans le véhicule d'assistance pour rejoindre d'abord Tazarine ou une ambulance m'attend, puis le gîte pour récuppérer mes affaires avant de commencer le rapatriement.
Une fois que les autres arrivent au gîte on se fait des adieux déchirants, Yaya me dit que c'est maintenant que l'aventure commence, il ne croit pas si bien dire.
Je suis donc installé sur la civière dans l'ambulance, comme d'habitude au Maroc, les matelas sont extra durs, je ne suis pas attaché, bref ca promet d'être sportif. Donc me voila parti dans cette ambulance pour Ouarzazate par la route, mais bon dans beaucoup d'endroit le bitume n'est pas encore arrivé, et comme le conducteur se prend pour "Chumakaire" la civière fais des bonds et mois aussi. Et chaque bond me faire souffrir énromément. Ce voyage durera 3 heures.
On arrive de nuit à Ouarzazate à un premier hopital, une discussion s'engage entre l'ambulancier et un infirmier, je ne comprends rien, ils parlent en marocain. On repart queqlues minutes plus tard pour la polyclinique de Ouarzazate.
Une fois arrivé, la porte latérale de l'ambulance s'ouvre, une infirmière me dit : "la consultation c'est 400 Dirhams, la radio c'est 200". Je suis un peu décontenancé par cette attitude, en Europe, on te soigne et on voit après pour la facture. Je sors un papier qui atteste qu'il y a un accord entre la sécurité sociale Luxo et Marocaine et que donc tous mes frais médicaux sont payés par le Luxembourg. Bon c'est comme si je pissais dans un violon, heureusement pour moi j'ai un peu d'argent liquide, je montre donc que j'ai bien les 600 Dirhams demandé. Ce geste débloquera immédiatement la situation.
Je suis donc reçu par le médecin de garde, je lui explique mon cas, il m'envoie faire la radio, il y en aura 3 au total. Bilan, des cotes et l'omoplate gauche cassées. Il veut aussi que je passe un scanner mais ne sont pas équipé doncje dois aller dans un autre hopital. Je passe à la caisse pour la modique somme de 1.000 Dirhams, une consultation et 3 radios, soit à peu près 100 €. Evidemment pas de facture, donc je ne pourrais pas me les faire rembourser.
Me revoila dans l'ambulance, on passe deux rues et je suis débarqué dans un "Centre de diagnostique" de l'hopital de Ouarzazate. Je suis vu par le médecin de garde qui sans aucune auscultation dit que je dois être envoyé directement à Marrakech. Entre temps mon ambulancier m'a sorti tous mes bagages et s'est barré. Je dois donc attendre une autre ambulance.
Ce fameux "centre de diagnostique" ressemble plus à un dispensaire qu'à une partie d'un hopital, les installations sont vétustes, one noit quasi pas de personnel soignant, par contre les patients et toute la famille, il y en a partout.
Je suis installé dans une chambre avec sur la porte le mot "Isolement", on me place un cathéter veineux dans la main droite, je ne sais toujours pas pourquoi puisque je n'aurais aucune injection de quoi que ce soit. Il est un peu plus de minuit, je me pose sur mon "lit". Le matelas est super épais, au moins 30 cm, et sous mon poids ne s'enfonce même pas d'un milimètre. La nuit va être longue. Au dessus de ma tête il y a une petite fenêtre qui donne sur la rue, à cahque bruit de moteur diesel je sursaute pensant que c'est enfin mon ambulance qui arrive, mais non.
Je n'ai plus rien mangé ni bu depuis le repas après mon accident (le 5 mai à 15h), évidemment il n'y a aucun distributeur de boisson ou de "crasse" à manger, heureusement j'ai mon camelbak qui doit encore contenir un demi litre d'eau, je le ponctionne donc avec parcimonie.
Au petit matin les pansements qui étaient sensé tenir le cathéter sur la main sont tous décollé, j'ai plié l'aiguille dans la main, je retire le cathéter, ca commence à pisser le sang partout, je cours versun endroit ou il y a des infirmières tout en arrosant le sol de grosses gouttes de sang. On me fait un pansement, je retourne dans ma chambre...
Je fais les cent pas, j'essaye de trouver le médecin de garde, sans succès, pas moyen d'avoir la moindre information. J'appelle mon assistance qui était déjà au courant de ma situation vu que mes potes avaient déjà fait le nécessaire pour qu'ils ouvrent un dossier. Je leur signale ou je suis et ou je vais aller, ils me disent que tout est sous contrôle, et que je n'aurais plus à débourser le moindre sous, heureusement car je n'ai plus que 200 Dirhams (20 €).
Il est 15 heures, ca va faire 24 heures que je n'ai plus mangé, que j'ai royalement bu le demi litre qui restait dans mon camelbak, le médecin de garde vient pour m'annoncer que l'ambulance est la !
J'embarque dans cette ambulance, un matelas aussi dur, pas attaché, et un autre "Chumakaire" au volant sur les mêmes "routes" avec les mêmes bosses, les mêmes sauts sur la civière, les mêmes souffrances. Ca durera 5 heures.
Arrivée à Marrakech de nuit, dans un hopital moderne ou je suis pris en charge directement, je suis juste intercepté par une secrétaire pour avoir mon passeport. De suite les médecins et infirmiers sont autour de moi, je leur raconte ma mésaventure, je passe un scanner et des radios.
Un chirurgien vient alors me voir pour discuter de mon état. Il confirme l'omoplate gauche cassée, les cotes coté gauche cassées, mais il me parle d'une vertèbre cassée. La je lui dit que c'est un ancien dossier vieux de 16 ans, sans me nommer la vertèbre en question je lui donne tous les détails et il semble soulagé. Il m'ajoute aussi un pneumothorax et un hémothorax et une entorse de l'auriculaire gauche.
Le pneumothorax, c'est de l'air qui se trouve en dehors du poumon, entre la cage thoracique et le poumon. Ca c'est très mauvais pour qui veut prendre l'avion, et pas de bol le rapatriement va se faire en avion
Je suis monté en chambre double et enfin je vais pouvoir avoir mes premiers anti douleurs, d'abord du paracetamol et ensuite une injection de morphine.
Le ramadan vient de commencer, en dehors de l'hopital il y a de l'animation, de la musique, ca va être coton pour dormir, mes c'est sans compter sur les médoc, j'arrive à dormir quelques heures avant que leurs effets ne s'estompent.
Le lendemain, sur les ordres de l'assistance je suis changé de chambre pour une chambre single. Et effectivement c'est signle mais aussi "grand luxe" avec un petit "salon" une grande salle de bain avec douche à l'italienne.
Ca va faire 3 jours que je sue 24h/24 dans les mêmes vêtements, je commence à avoir du mal à me supporter moi même. J'entreprends donc de farfouiller dans mes sacs non sans mal. Comme j'étais parti en mode "light" avec option lessive à l'étape, il me reste trois sous vêtements propres, un pantalon et un polo. Je retrouve mon gel douche, je peux donc en profiter pour me laver.
Régulièrement je suis en contact avec l'assistance pour suivre mon dossier et organiser mon rapatriement. Ils me demandent d'obtenir un certificat 'Fit to fly', ce que le chirurgien me donne le jour même. Le lendemain, l'assistance me dit que je ne suis pas 'fit to fly', qu'un médecin à Bruxelles qui ne m'a jamais contacté, qui n'a vu que les radios et scanner, qui n'a pas eu les explication qu'il y a de vieux dossiers, bref il demande un scanner de contrôle dans 4 jours.
Donc je suis bon pour attendre 4 jours à l'hosto. J'en profite aussi pour signaler que ma moto va partir avec un transporteur et qu'il faut voir pour que je puisse sortir du pays sans mon véhicule.
Je me morfonds donc pendant 4 jours seul dans ma chambre, les nuits sont courtes (maxi 4 heures de sommeil), les repas sont frugaux, il fait 42 degré dehors donc je ne m'attarde pas, bref je reste la plupart du temps cloitré dans ma chambre qui heureuement pour moi dispose de l'air conditionné.
Je réussi à avoir la télécommande de la TV, en poste français, j'ai TF1 et TV5, le reste c'est majoritairement de l'arabe ou de l'anglais. Bref rien de mirobolant. J'ai le téléphone avec mes 20 gb de data ou 3 heures d'appels mais je ne gaspille pas car je dois pouvoir appeler l'assistance à tous moments.
4 jours plus tard, l'activité du jour c'est scanner. Youpiiiiie ! Ca dure 10 minutes à tout péter. Le chirurgien me confirme que tout va bien, le pneumothorax est résorbé par contre l'hémothorax (sang dans le poumon) est toujours la et que j'en aurais encore pour un mois et demi au moins. Il se charge de renvoyer le certificat 'Fit to fly' à l'assistance.
Une fois remonté dans ma chambre je rappelle l'assistance pour leur signaler que tout est ok et qu'il va falloir penser à me ramener chez moi. La ils me disent que maintenant il faut une attestation de plombage de ma moto du transporteur pour que je puisse sortir du pays sans problème. C'est pas comme si je leur avait signalé 4 jours avant le problème de ma moto. Bref je dois commencer à courrir après le transporteur pour qu'il m'envoie par email cette attestation, que j'aurais 36 heures plus tard.
Bref ca prends son temps, mais je finis par avoir tous les documents pour mon rapatriement et l'assitance me dit qu'effectivement tout est ok et qu'ild vont lancer la procédure.
Cette procédure consiste à faire venir de Belgique un médecin urgentiste et une infirmière à Marrakech, ils m'accompagneront jusque chez moi. Le rapatriement se faisant sur un vol commercial, avec mise à disposition d'une bouteille d'oxygène et d'une place supplémentaire pour que je ne soit pas collé à quelqu'un d'autre pendant le vol, tout cela nécessite l'accord de la compagnie aérienne, il faut aussi mettre à disposition une ambulance pour aller de l'aéroport jusqu'à chez moi.
Bref tout ca implique encore 3 jours de délais supplémentaires. Mon moral n'étant déjà pas très haut, en prend encore un sacré coup.
Entre temps je suis en contact avec mon boulot pour prévenir de ma situation et organiser mon retour, ils me demandent que l'hopital me fournisse un certificat médical. Je l'obtiens rapidement, le scanne et l'envoie au taf par mail.
Comme mon état ne nécessite plus aucun traitement mis à par des anti douleurs, je quitte l'hopital le lendemain pour aller à l'hôtel pendant deux jours.
Me voila donc libre de mes aller et venues, je ne suis plus cantonné à l'hopital uniquement. Comme ca fait quand même 10 jours que je suis léthargique et que je ne fais plus aucun effort, la moindre petite balade m'epuise rapidement.
Le boulot m'envoie un mail pour me dire que le certificat médical n'est pas bon, qu'ils ont mis mon deuxième prénom plutôt que le premier, donc me voila repartis à l'hopital pour quémander un nouveau certificat médical avec le bon prénom. J'obtiendrais satisfaction après une heure d'attente.
Le lendemain, c'est l'arrivée de mon médecin et infirmière particulier, on discute de ma situation, il m'ausculte, prend mes constante, je suis toujours bon pour prendre l'avion.
Nous sommes le samedi 18 mai, c'est le grand jour, je vais enfoin opuvoir rentrer chez moi, départ de l'hotel à 9h30 en ambulance, l'aéroport est à 4 km et les routes sont bitumées donc ca se fera tout en douceur. Je sors de l'ambulance, on me mets dans un fauteuil roulant, je n'ai pas le droit d'en sortir, sauf pour monter dans l'avion.
Prise de constantes à l'aéroport, mon rythme cardiaque est haut (107), il a été comme ca depuis que je suis à l'hopital. Je prépare mes papiers et l'attestation de plombage pour passer la douane, le douanier prend mon passeport, ca prend du temps puis me fait signe de passer. L'attestation de plombage ? Apparemment il n'en a rien à f.... Bref je suis passé en zone internationale !
L'avion décolle à 12h30, on a deux heures à tuer. Reprise de constante juste après la douane (z'aiment bien ca on dirait) et la le rythme cardiaque retombe à 82 et le restera tout le temps du retour. Comme quoi je devais être un poil stressé
Ce qui est bien lors d'un rapatriement c'est que tu passes devant tout le monde qui s'est déjà agglutiné à la porte d'embarquement
Je quitterais mon fauteuil roulant juste devant la porte de l'avion.3 heures de vol plus tard, on atterri à Roissy Charles De Gaule, à peine sorti de l'avion que je suis de nouveau en fauteuil roulant. Traversée de l'aéroport, récupération des bagages, et hop dans une ambulance venue de Belgique, pour un trajet Paris Luxembourg d'une durée de plus ou moins 4 heures. J'arriverais chez moi vers 22 heures 30.
Mais ce n'est pas fini, il faut s'occuper du rapatriement de la moto. Pour ceux qui n'ont pas suivi mes aventures, j'avais oublié les papiers de la moto à la maison, donc je fais le nécessaire pour les envoyer par courrier express chez le transporteur, celui ci prévoit de sortir du Maroc le 31 mai.
Entre temps, j'ai repris le boulot et une activité normale à tchao bonsoir comme dirait l'autre.
Le 21 mai, le courrier express est considéré comme livré, mais pas dans le village ou il devait l'être mais à 100 km de la, à la poste de Beni Mellal. Youpiiiiie j'ai payé 35 € pour réellement perdre mes papiers au Maroc
Le transporteur me demande en plus une procuration l'autorisant à faire le rapatriement de la moto. Papier que je lui fournis séance tenante. 24 heures plus tard, soit 2 jours avant qu'il ne parte, il me dit que la procuration doit être légalisée par la commune. Heureusement pour moi, la maison communale est juste derrière chez moi, donc cette formaité sera vite réglée.
Tous les papiers sont maintenant en possession du transporteur (pour la carte grise bloquée à Beni Mellal, il aura juste une photocopie), bref le rapatriement peut commencer.
Initialement, un de me compagnon de voyage avait proposé de récuppérer ma moto sur Lyon, mais les affres du calendrier font qu'il ne sera pas présent. J'essaye de trouver une solution alternative, en proposant une livraison chez Ducati Lyon et que je ferais les 500 km restant moi même avec la moto.
Puis plus de nouvelle du transporteur pendant 2-3 jours, j'arrive à avoir des nouvelles par notre guide qui m'annonce qu'il livrera la moto du coté de Metz. Super ! C'est juste à 60 km de chez moi. Finalement la livraison se fera chez le transporteur à Pont à Mousson (90 km de chez moi).
Donc hier 4 mai, je prends le bus puis le train pour arriver à Pont à Mousson, traverse la ville à pied, jusque chez le transporteur. Il me prend en voiture pour aller jusqu'au dépot ou se trouve ma moto, elle est toujours dans la remorque.
Elle est dans son jus, recouverte de poussière/sable/... je constate les dégats, je m'attendais à pire suite aux différentes descriptions qu'on m'avait données. Ca fait maintenant plus de 3 semaines qu'elle n'a pas tourné, ma crainte c'est qu'elle ne démarre pas. Je l'allume, le tableau de bord s'illumine, je pousse sur le bouton magique, et démarre du premier coup. Je méquipe pendant qu'elle chauffe et je pars en suivant le transporteur car je dois encore récuppérer les papiers de la douane qui sont resté chez lui.
3-4 kilomètres plus tard, la moto s'éteind d'un coup et ne redémarre plus. Décidément rien ne m'aura été épargné dans ce trip marocain.
Chance pour moi le transporteur a une camionette dispo, on monte la moto de dans et il me ramènera au Luxembourg directement chez mon concessionnaire qui a pu voir que la batterie n'a pas aimé les 3 semaines d'immobilisation.
C'est ainsi que s'achève pour moi ce voyage au Maroc. Ca ne sera pas le meilleur souvenir mais il sera inoubliable.
),
