En plus du serrage à la clé dynamométrique, on va devoir utiliser un accessoire supplémentaire : Une jauge de serrage angulaire.
Qu’est-ce que c’est ?
La jauge de serrage angulaire est un outil de métrologie qui est destiné à mesurer l'angle de rotation effectué par la vis au serrage. Il se positionne entre la douille de serrage et le carré d’entraînement de la clé de serrage.
Il est constitué de deux éléments :
Un disque gradué en degrés, solidaire du carré d'entraînement ;
Un curseur, libre en rotation, solidaire d'un flexible au bout duquel est fixé un aimant , une pince ou un ergot métallique de retenue.
Les différents types de jauges de serrage angulaire
Pourquoi utiliser une clé (ou jauge) de serrage angulaire ?
Il faut savoir que lorsqu’on utilise une clé dynamométrique, le couple de serrage optimum n’est ; quasiment, jamais atteint.
En effet, la clé dynamométrique permet de serrer avec une certaine force exprimée en Newton-mètres ( abréviation N.m)...voir à ce sujet mon post précédent en suivant ce lien sur le forum
https://www.ducati-multifadas.com/phpb ... 128&t=3000
Mais, il se heurte à différents facteurs qui vont contribuer à ne pas atteindre totalement la valeur de couple recherchée. Les éléments à solidariser via une vis, un écrou, boulon...possèdent un filetage qui n’est pas exempt d’impuretés ( dépôt d’huile souillée, poussières, reliquat de frein-filet, etc, etc...)
Ensuite la nature même des matériaux et alliages ( acier, aluminium, alliages cuivrés, etc, ) utilisés pour ces mêmes pièces et la qualité peut différer de beaucoup selon le « sérieux » avec lequel ils ont été fabriqués. Enfin, chaque metal ou alliage présente un coefficient d’élasticité ou de contrainte qui lui est propre.
Je m’explique. On peut penser que tous les écrous, boulons et autres vis sont fabriqués selon un cahier des charges identique chez tous les industriels. Il n’en est rien. Et je ne parle pas de la « qualité » de fabrication dans certains pays
, ni ; en pire, des contrefaçons !! 
Les subtilités de la métallurgie font qu’il ne suffit pas de « couler » un acier ou un aluminium dans un moule et hop ! On a un super écrou résistant à tout. Non ! Ce serait trop facile et les prix seraient uniformes ainsi que les normes d’usage.
Par exemple, la fabrication d’un acier de haute qualité obéit à une procédure précise après avoir été coulé puis « façonné », il faut encore qu’il subisse différentes phases de trempage puis de refroidissement puis une « réchauffe » qui aboutira ; avec une descente en température contrôlée, à doter ce métal de sa résistance optimale. Je résume, mais pour illustrer davantage, imaginez que la coque d’un sous-marin n’a pas la même qualité ni résistance que le châssis de votre bécane !
Tout cela vient des procédés bien précis utilisés en métallurgie.
Des lors on aura des éléments qui devront être, eux-aussi utilisés en observant des normes d’assemblage et ; à terme, de serrage qui garantiront l’intégrité et la résistance souhaités afin que votre véhicule ne s’éparpille pas au premier virage !
D’où l’intérêt ; selon moi, de toujours s’assurer d’avoir des pièces de serrage « OEM » (Original Equipment Manufacturer) Pieces d’origine du constructeur. CQFD.
Comment utiliser la « Clé » de serrage angulaire ?
La clé (ou jauge) de serrage angulaire est positionnée sur l’élément à serrer, le flexible à aimant, l’ergot de retenue ou la pince est fixé à une partie voisine et non mobile ( bâti moteur pour un serrage de culasse par exemple ) ; et s’intercale entre cet élément et la clé dynamométrique.
Le curseur est étalonné sur le disque rotatif sur la position Zéro ( 0° )
Le serrage entraine la rotation du disque avec le repère ( aiguille sur le disque mobile ) jusqu’à ce que la valeur en degrés préconisée par le constructeur soit atteinte ( valeurs en degrés d’angle sur le disque gradué fixe ).
Avec une jauge de serrage angulaire électronique, c’est encore plus simple. On effectue la rotation au serrage jusqu’à ce que la valeur préconisée en degrés d’angle s’affiche sur l’écran LCD.
En résumé...
La clé angulaire, elle, ne tient pas compte de la force à appliquer.
En effet, les approximations d'usinage des filetages, leur encrassement, leur grippage créent des forces antagonistes :
La clé dynamométrique déclenchera ainsi trop tôt et la valeur de serrage préconisée ne sera pas atteinte.
La clé à serrage angulaire, son principe étant basé sur l'angle de serrage et non sur la force, permettra un serrage au plus juste, quelles que soient les forces parasites (un joint de culasse serré sur toute sa surface par 10 vis aura un écrasement uniforme ; idem pour les contraintes de force et de pression).
Exemple de procédure de serrage angulaire pour une culasse
1e phase : serrer à 30 N.m ;
2e phase : serrer à 80° ± 4°
3e phase : attendre 3 minutes (mise en place du joint)
4e phase : serrer à 213° ± 7°.
(Nota bene : ceci n’est qu’un exemple d’illustration, en aucun cas des valeurs à retenir pour vos machines !)
Un dernier mot... Combien ça coute ?
Comme d’habitude, le prix est souvent synonyme de qualité et donc de fiabilité dans la précision. Ce qui n’est pas à négliger quand on s’apprête à œuvrer sur des organes mécaniques laissant peu de place pour « l’improvisation »
Disponibles dans les magasins d'outillage automobile et sur les sites internet, la fourchette de prix est très large :
20 € pour les équipements bas de gamme ;
160 € pour les outils de qualité ;
180 € et plus pour les outils à affichage digital.
Ces prix ne sont qu’indicatifs. Ce ne sont pas forcément ceux en vigueur actuellement, mais c’est pour vous donner une idée du budget à consentir si vous envisagez l’achat d’un tel outil.
Voilà qui vient clore le sujet sur le Serrage Contrôlé. Soyez prudents si vous mettez les mains...dans le cambouis !
.... Merci pour vos appréciations. Il est à noter que le serrage angulaire n’est pas « forcément » requis pour tous les types de serrages.
